Le Festin de l’Empereur : Quels étaient les plats préférés de Napoléon ?
Ah, Napoléon ! Un nom qui évoque des batailles épiques, des stratégies militaires brillantes, et… des croissants ? Peut-être pas les croissants, mais la question de savoir ce que mangeait cet homme hors du commun intrigue autant que ses conquêtes. Alors, plongeons-nous dans l’assiette de l’Empereur pour découvrir ses préférences culinaires. Figurez-vous que pour un conquérant qui a goûté à toutes les cours d’Europe, Napoléon préférait la simplicité dans son assiette. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, Napoléon n’était pas un gourmet extravagant. Il appréciait avant tout les plats simples et nourrissants. Oubliez les festins gargantuesques et les mets sophistiqués, l’Empereur avait des goûts plutôt modestes, presque surprenants pour son rang. Monsieur était un homme pressé, même à table. Saint-Denis, son valet, nous raconte que Napoléon avalait ses repas en un éclair, quinze à vingt minutes chrono, montre en main. Imaginez le stress des cuisiniers ! Mais alors, concrètement, qu’est-ce qui plaisait à cet ogre de travail ? Commençons par le commencement : le petit-déjeuner. Pour démarrer sa journée impériale, Napoléon aimait une bonne soupe bien chaude, suivie d’un morceau de bœuf bouilli. Rien de très révolutionnaire, n’est-ce pas ? Figurez-vous qu’il préférait cela à toutes les préparations élaborées que ses cuisiniers pouvaient concocter. Œufs à la coque ou pochés, omelette, gigot de mouton, côtelette, filet de bœuf, aile de poulet, lentilles, salade de haricots… voilà le menu habituel de ses petits-déjeuners. Jamais plus de deux plats sur la table, une soupe et un légume. La simplicité incarnée, on vous dit ! Et les petits plaisirs alors ? Napoléon avait un faible, un péché mignon : les amandes fraîches. Il pouvait engloutir une assiette entière, sans sourciller. Il aimait aussi les gaufrettes roulées, garnies d’un peu de crème. Imaginez l’Empereur, après une journée à dicter des lois et à planifier des batailles, se détendre avec une assiette d’amandes et des gaufrettes. Cela change de l’image du conquérant austère, non ? Pour les repas plus consistants, on retrouve des volailles rôties, des poulardes hachées à la Marengo, à l’italienne, à la provençale (mais sans ail, attention !). Des poulets fricassés, parfois au champagne (un luxe insulaire, car à vingt shillings la bouteille à Sainte-Hélène, ça pique un peu !). Il appréciait les puddings à la Richelieu, mais ce qu’il préférait par-dessus tout, c’étaient les douceurs et les pâtisseries. Vol-au-vent, petites bouchées à la reine, gâteaux de macaroni préparés de mille et une façons… L’Empereur était un bec sucré, avouons-le. On le verrait presque piocher discrètement dans la boîte de chocolats, si les boîtes de chocolats avaient existé à l’époque… Fromage et fruits venaient clore le repas. Un morceau de parmesan ou de roquefort, pour faire bonne mesure. S’il y avait des fruits, on lui en proposait, mais il n’en mangeait que très peu. Un quart de poire, une pomme, une grappe de raisin minuscule… L’Empereur n’était pas du genre à s’attarder sur la corbeille de fruits. Il avait des affaires plus importantes à régler, comme dominer l’Europe, par exemple. Et pour se désaltérer, me direz-vous ? Après ses repas, petit-déjeuner ou dîner, on lui servait un peu de café, qu’il ne finissait pas toujours. Jamais de liqueurs, l’Empereur était sobre. À Sainte-Hélène, son vin était le claret. En France, c’était le Chambertin. Rarement une demi-bouteille, et toujours coupée d’autant d’eau que de vin. Autant dire une piquette impériale ! Parfois, en journée, un verre de champagne, mais là encore, noyé sous un volume égal d’eau. Une limonade pétillante, en somme. Quand l’Empereur ne se sentait pas bien, thé, citronnade chaude ou bouillon de poulet étaient de mise. Et si la nuit se prolongeait sans qu’il ne réclame rien, on lui apportait tôt le matin une soupe de riz ou de pâtes, accompagnée d’un petit verre de vin de Constance. Un remontant discret pour les nuits agitées de l’Empereur. Le chef Chandeleur, cuisinier de Napoléon, nous donne d’autres détails croustillants. Le petit-déjeuner impérial, selon lui, c’était potage à l’oseille, ou autre potage rafraîchissant. Des filets de mouton désossés et bien grillés, servis avec un jus clair. Un poulet rôti ou deux griskins (des rillons de porc), et parfois une assiette de légumes secs. Chandeleur, en poste à l’île d’Elbe, se réjouissait de la qualité du cochon local. « Leur chair est délicieuse, et cela me donnait tout le loisir de préparer des griskins de porc, des saucisses et des boudins noirs, dont Napoléon était friand. » À l’île d’Elbe, le cochon était donc roi, même à la table de l’Empereur. Le seul fruit digne d’intérêt sur l’île, selon Chandeleur, était la banane. Excellente en beignets, ou glacée au rhum. Voilà qui nous donne une idée des douceurs insulaires de Napoléon. Mais l’Empereur avait aussi ses aversions. Attention, ne lui servez surtout pas de poisson avec des arêtes ! S’il en trouvait une, il renvoyait son assiette sur-le-champ. « Je n’aime pas les épines », disait-il. C’est ainsi qu’il nommait les petites arêtes, craignant qu’elles ne se coincent dans sa gorge et ne lui donnent des nausées. Et rappelez-vous, pas d’ail dans ses poulardes à la provençale. L’ail, visiblement, n’était pas au goût impérial dans toutes les circonstances. La qualité des produits à Sainte-Hélène laissait à désirer. Saint-Denis précise que la nourriture de l’Empereur sur l’île était la même qu’à Paris, mais elle manquait cruellement de qualité, de variété et de finesse. Napoléon se plaignait souvent de la viande peu tendre. Les provisions fraîches arrivaient du Brésil et du Cap de Bonne-Espérance, après trois semaines de traversée. Les moutons et les bœufs débarquaient maigres et épuisés, sans jamais reprendre de poids, l’île ne permettant pas de les engraisser. La viande était donc inévitablement fade, parfois même malsaine. Toutes les tentatives pour engraisser volailles, poulets, oies, canards et dindes échouaient systématiquement. Un vrai défi culinaire pour les cuisiniers de l’Empereur en exil. Pour la petite histoire, il y a l’épisode de la soupe de campagne. Un jour, l’Empereur ordonne une soupe de campagne pour son petit-déjeuner. Le cuisinier, ancien soldat, n’apprécie guère de servir ce plat deSimple soldat. Il met moins de pain, oublie les haricots blancs. Résultat, l’Empereur est mécontent. « Toi, tu as été soldat, et tu sais que ce n’est pas une soupe de campagne. Eh bien ! Fais-m’en une meilleure demain. » Le lendemain, Chandeleur sert une vraie soupe de campagne, bourrée de pain et pleine de haricots. La cuillère tenait debout dedans ! L’Empereur constate que c’est bien ce qu’il voulait. Il en mange un peu, mais n’en redemandera plus jamais. L’expérience soupe de campagne aura été de courte durée. En résumé, Napoléon aimait la simplicité, la rapidité, et les amandes fraîches. Un régime plutôt étonnant pour un homme dont l’appétit de pouvoir semblait insatiable. Alors, la prochaine fois que vous dégusterez une soupe ou un simple morceau de bœuf, pensez à Napoléon. Qui sait, peut-être partagerez-vous un peu de l’énergie de cet homme d’exception. Et surtout, n’oubliez jamais les amandes, le secret impérial pour conquérir le monde… ou presque.