Mais enfin, pourquoi diable l’appelle-t-on « filet américain » ? Percer le mystère de cette gourmandise belge !
Ah, le filet américain ! Cette préparation à la fois mystérieuse et délicieusement réconfortante. Vous vous êtes sûrement déjà demandé, en savourant une tartine généreuse, pourquoi on affuble ce délice d’un nom aussi… exotique, disons-le. « Américain », pour de la viande crue ? N’est-ce pas un peu comme appeler une frite « pomme de terre martienne » ? Accrochez-vous, on part à la découverte des origines farfelues de cette appellation !
Figurez-vous que derrière cette question se cache une histoire aussi savoureuse que le plat lui-même. Et pour la dénicher, il faut remonter le temps, direction Bruxelles, dans les années folles. Imaginez : le jazz qui résonne, les robes à franges qui virevoltent, et… un certain Joseph Niels, visionnaire de la gastronomie !
Joseph Niels, le génial inventeur bruxellois (et non yankee !)
Oubliez tout de suite les cowboys et les diners à l’américaine. Le filet américain est bel et bien un pur produit de chez nous, 100% belge ! Et le « coupable », si l’on peut dire, c’est Joseph Niels. Pour Frédéric Niels, l’actuel patron du célèbre restaurant bruxellois « Le Vieux Saint-Martin », il ne fait aucun doute : c’est son grand-père, Joseph, qui a imaginé cette recette divine en… roulements de tambour… 1924 ! C’était l’époque où il dirigeait le restaurant Canterbury, aujourd’hui disparu, mais qui a laissé une trace gustative indélébile.
Donc, Joseph Niels, directeur de restaurant à Bruxelles, invente le filet américain en 1924. C’est aussi simple que ça ! Enfin, presque… Car la question demeure : pourquoi « américain » alors ? Serait-ce un hommage caché à l’oncle Sam ? Une déclaration d’amour aux gratte-ciels ? Pas tout à fait, mais l’explication est tout aussi croustillante.
« Filet américain » : un clin d’œil humoristique aux préjugés d’outre-Atlantique
Alors là, accrochez-vous, car l’explication est à la fois simple et… un peu moqueuse. Selon Frédéric Niels, l’appellation « filet américain » serait un pied de nez, un clin d’œil amusé aux Américains de l’époque. Figurez-vous qu’à cette époque, manger de la viande crue était considéré, outre-Atlantique, comme un truc de… barbares ! Oui, oui, vous avez bien lu. Barbare. Nous, les Belges, avec notre amour pour le cru, on était limite des sauvages à leurs yeux !
Et c’est là que le génie de Joseph Niels entre en jeu. En baptisant sa création « filet américain », il lançait une petite pique humoristique. C’était comme dire : « Ah, vous trouvez ça barbare ? Eh bien, on va l’appeler ‘américain’ pour voir ! ». Un peu comme si on appelait une blague belge « une vanne anglaise », vous voyez l’idée ? C’est subtil, c’est belge, c’est… délicieux, tout simplement.
Il y a aussi une autre explication, un peu plus « sérieuse », si on peut dire. Les années 20, c’était l’époque du « rêve américain ». Les États-Unis, c’était la modernité, le progrès, l’évasion. Donner un nom américain à un plat, c’était peut-être une façon de le rendre plus… glamour, plus « in » ! Après tout, qui n’a jamais rêvé de goûter un peu de ce rêve américain, même sur une tartine ?
Mais au fait, c’est quoi exactement un filet américain ? La composition décryptée
Maintenant qu’on a percé le mystère du nom, parlons un peu de ce qu’il y a dans l’assiette (ou plutôt, sur la tartine). L’américain, qu’on appelle souvent « américain préparé » (parce qu’il faut bien le préparer, mine de rien), c’est en gros un steak tartare à la sauce belge. Imaginez de la viande de bœuf crue, finement hachée, assaisonnée avec amour et savoir-faire.
Mais attention, pas n’importe quel assaisonnement ! Ici, exit l’ail, le citron, les câpres, les cornichons et les anchois, ingrédients typiques du steak tartare « classique ». Non, dans le filet américain, on mise sur la gourmandise et la douceur : mayonnaise, bien sûr, et piccalilli, ce condiment aigre-doux à base de légumes. C’est ça, la touche belge !
La mayonnaise, parlons-en ! C’est LA différence majeure avec le steak tartare. Elle est indispensable dans le filet américain, elle lui donne son crémeux, sa rondeur, son petit côté « comfort food ». Et attention, la recette de base, la vraie, la seule, préconise une mayonnaise maison, réalisée avec pas moins de 4 jaunes d’œufs par litre ! Autant dire que ça ne rigole pas, côté onctuosité.
Filet américain VS Steak tartare : le match des titans (ou plutôt, des tartares)
Alors, pour résumer, quelle est la différence fondamentale entre le filet américain et le steak tartare ? Eh bien, c’est la mayonnaise, pardi ! Absente du steak tartare, elle est la star incontestée du filet américain. C’est elle qui fait toute la différence, qui donne à l’américain son identité propre, son petit côté belge irrésistible.
On pourrait dire que le steak tartare, c’est un peu le cousin « classique », élégant, un peu austère. Et le filet américain, c’est le cousin « cool », décontracté, toujours prêt à faire la fête (sur une tartine, bien sûr). Les deux sont délicieux, mais ils ne jouent pas dans la même catégorie, c’est clair.
Comment déguster l’américain ? Cru, cuit, tartiné… à vous de choisir !
L’américain, c’est un peu un caméléon culinaire. Vous pouvez le déguster cru, étalé généreusement sur une tranche de pain frais, pour un apéro gourmand ou un lunch sur le pouce. C’est la version « tartine », la plus classique, celle qu’on adore retrouver dans les bonnes brasseries belges.
Mais saviez-vous qu’on peut aussi le cuire ? Eh oui ! L’américain peut se transformer en un délicieux steak haché, savoureux et fondant. C’est une option moins connue, mais qui mérite le détour, surtout si vous êtes un peu frileux à l’idée de manger de la viande crue (mais franchement, il ne faut pas !).
Américain, tartare, hamburger… Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes !
Dans la grande famille des préparations à base de viande hachée, on retrouve aussi le steak tartare, on l’a dit, et l’américain préparé, qui sont donc très proches cousins. Mais attention à ne pas confondre avec le hamburger ! Lui, c’est un peu le mouton noir de la famille. Déjà, il est cuit (en général), et puis il est souvent composé d’un mélange de différentes viandes, parfois même du porc (sacrilège !).
Alors, pour résumer : américain et tartare, c’est du bœuf cru haché, assaisonné différemment. Hamburger, c’est souvent un mélange de viandes cuites, servi dans un pain rond avec des frites (et ça, c’est délicieux aussi, mais c’est une autre histoire !).
Pourquoi parfois l’américain a une couleur orange ? Le mystère (enfin) résolu !
Tiens, une question existentielle qui taraude souvent les amateurs d’américain : pourquoi parfois, il a une couleur un peu… orange ? Panique à bord ? Viande avariée ? Que nenni ! Rassurez-vous, il n’y a absolument aucun danger. Cette couleur orange, c’est juste un phénomène de pigmentation naturelle, tout à fait normal et sans risque pour la santé.
C’est un peu comme les carottes, qui sont oranges à cause du bêta-carotène. Eh bien, dans la viande, il peut y avoir des pigments qui donnent cette couleur orangée. Donc, la prochaine fois que vous voyez un américain un peu orange, pas de panique, c’est juste la nature qui fait des siennes !
Le « sandwich américain » : un cousin lointain et nordiste
Attention, petite digression géographique ! Si vous vous aventurez dans le nord de la France, ne soyez pas surpris de tomber sur un « sandwich américain ». Mais attention, il n’a rien à voir avec notre filet américain national ! Là-bas, « américain » désigne un sandwich garni de steaks hachés, de fricadelles, et autres joyeusetés frites. C’est en gros l’équivalent de notre bonne vieille « mitraillette » belge.
Alors, si vous commandez un « américain » dans le Nord, ne vous attendez pas à une tartine de viande crue ! Vous risqueriez d’être un peu déçu (ou agréablement surpris, selon vos goûts en matière de frites). Mieux vaut le savoir, pour éviter les malentendus transfrontaliers.
Et le « filet », dans tout ça ? Une histoire de ruban et de ficelle
Dernière petite énigme linguistique : pourquoi dit-on « filet » américain ? Le « américain », on a compris, c’est pour la blague. Mais le « filet », d’où ça sort ? Eh bien, figurez-vous que le mot « filet », autrefois, désignait… un ruban porté autour de la tête ! Surprenant, non ? Bon, ce sens est un peu tombé en désuétude, il faut l’avouer.
Mais le sens de « viande », lui, vient d’une technique ancienne. Avant de couper un morceau de viande, on l’attachait avec une ficelle, un « filet » donc, pour qu’il se tienne bien. Et voilà comment le « filet » de viande est entré dans notre vocabulaire. Et comment il s’est retrouvé associé à notre délicieux « américain ». La boucle est bouclée !
Alors, la prochaine fois que vous savourerez un bon filet américain, vous pourrez briller en société en racontant son histoire rocambolesque. Vous saurez pourquoi il s’appelle ainsi, qui l’a inventé, et ce qu’il contient vraiment. De quoi impressionner vos amis… et surtout, vous donner encore plus envie d’en reprendre une tartine ! Bon appétit, et vive le filet américain, fleuron de notre patrimoine gastronomique belge (et un peu américain, juste pour rire) !