Mais pourquoi diable la distillation de la figue est-elle interdite ? Mystères et bouillons de culture
Alors, posons-nous la question qui brûle toutes les lèvres des amateurs de spiritueux originaux (et des figuiers généreux) : pourquoi donc, ô pourquoi, la distillation de la figue est-elle frappée d’un interdit ? C’est un peu comme si on nous disait que faire de la confiture de fraises est illégal, ça pique la curiosité, non ?
Figurez-vous que la réponse, aussi surprenant que cela puisse paraître, n’est pas gravée dans le marbre législatif avec force détails. C’est un peu le mystère de la Sainte Figue Distillée. On sait que c’est « interdit », un peu comme on sait qu’il ne faut pas mettre de fourchette dans une prise (expérience douloureuse à l’appui pour certains, je ne juge pas). Mais le « pourquoi » précis, c’est un peu le grand flou artistique.
Boukha : L’eau-de-vie de figue qui nargue l’interdit (ou presque)
Et là, l’affaire se corse (comme une bonne figue bien mûre). Car, attendez-vous à être décoiffé par cette révélation : la Boukha, mesdames et messieurs, est une eau-de-vie… de figues ! Oui, oui, vous avez bien lu. Une eau-de-vie de figues qui existe bel et bien, qui se déguste même, et dont le nom, en dialecte judéo-tunisien ou judéo-berbère, signifie littéralement « vapeur d’alcool ». Poétique, non ? Alors, interdit ou pas interdit, ce machin ?
C’est un peu comme si on vous interdisait de faire du vélo, mais qu’on vous laissait rouler en trottinette électrique. C’est la loi, ma bonne dame, et il faut bien essayer de la comprendre, même quand elle semble jouer à cache-cache avec la logique.
Plongée dans les méandres de la distillation française : un labyrinthe réglementaire
Pour tenter d’y voir plus clair, il faut se pencher sur le vaste et parfois opaque monde de la distillation en France. Accrochez-vous, ça va secouer un peu comme un alambic en pleine ébullition.
Sachez d’abord qu’en France, la distillation n’est pas la foire d’empoigne. On ne s’improvise pas distillateur du jour au lendemain, surtout si l’on rêve de transformer ses figues du jardin en nectar divin. Il existe bien un « privilège des bouilleurs de cru », mais attention, ce n’est pas un open bar à l’alambic pour tout le monde.
Ce privilège, c’est en réalité le droit, accordé à certains (les bouilleurs de cru, donc), de faire distiller jusqu’à 10 litres d’alcool pur sans avoir à payer de droits d’accises. Une sorte de bonus pour les passionnés de vergers et de traditions ancestrales. Mais ne vous emballez pas trop vite, ce droit n’est plus transmissible de père en fils. Fini, la belle époque des dynasties de distillateurs amateurs ?
Et oubliez l’idée de bricoler un alambic dans votre garage pour distiller vos figues en douce. La distillation à domicile est strictement interdite sur la majeure partie du territoire français. Sauf, ô surprise, en Moselle et en Alsace, ces régions rebelles à l’uniformisation réglementaire, où la distillation est autorisée toute l’année sous certaines conditions. Comme quoi, il y a toujours une exception qui confirme la règle (et qui nous fait voyager pour déguster des spiritueux originaux).
Alors, où doit-on distiller, si l’on a la chance d’avoir le droit et l’envie de le faire ? La loi est claire : ce doit être en atelier public, chez un distillateur professionnel, ou dans les locaux d’associations coopératives. Exit donc, les distillations clandestines au fond du jardin, à la lueur de la lune (dommage, l’ambiance était pourtant sympa).
Fruits autorisés, fruits interdits : le tri sélectif de l’alambic
Maintenant, parlons des matières premières autorisées à la distillation. En France, si vous avez la chance d’être propriétaire d’une parcelle cadastrée comme verger ou vigne, vous pouvez distiller les produits qui en sont issus : fruits, cidre, vin, marc… La nature est généreuse, et la loi l’est un peu aussi, dans ce cas précis.
Mais attention, il y a un « mais » (comme souvent). On nous précise qu’il est préférable de distiller des fruits dénoyautés, « en raison de la toxicité de l’amande (pêche en particulier) ». Ah, voilà une piste intéressante ! Serait-ce là le début d’une explication à l’interdiction de la figue ?
Car, mine de rien, la distillation, c’est un peu comme la cuisine : il y a des règles de sécurité à respecter. Distiller à sec, par exemple, est une très mauvaise idée. Risque de surchauffe du ballon, réactions chimiques involontaires… Bref, ça peut vite tourner au vinaigre (ou pire). Et l’amande contenue dans certains noyaux de fruits, elle aussi, peut poser problème lors de la distillation.
La figue, ce fruit mystérieux : entre guêpes, lait et peau épaisse
Alors, la figue dans tout ça ? Pourquoi serait-elle persona non grata dans l’alambic ? Peut-être que le mystère ne vient pas seulement des réglementations obscures, mais aussi de la figue elle-même, ce fruit si particulier.
Saviez-vous, par exemple, que la figue n’est pas vraiment un fruit, mais une fleur inversée ? Et qu’elle est pollinisée par une guêpe minuscule, qui se retrouve souvent piégée à l’intérieur ? Romantique, non ? Bon appétit, bien sûr !
Et ce « lait de figue » qui s’écoule quand on la cueille, vous connaissez ? Ce liquide blanc et collant, qui a la particularité de pouvoir remplacer la présure pour faire cailler le lait et fabriquer du fromage. La figue, un fruit aux multiples talents, décidément.
Quant à la peau de la figue, elle est comestible, même si certains la trouvent un peu épaisse ou amère. Question de goût, comme pour la distillation, sans doute. Et si vos figues ne mûrissent pas, c’est peut-être un problème de figuier mal adapté à votre région, ou tout simplement un figuier sauvage, qui fait ce qu’il veut, quand il veut.
Dernier détail, et non des moindres : la sève du figuier contient des furocoumarines, des molécules qui peuvent provoquer des irritations, de la phototoxicité, voire des réactions photoallergiques. Alors, manipulez les figuiers avec précaution, et la distillation de figues avec encore plus de prudence, si jamais l’envie (illégale) vous prenait.
Alors, figue interdite ou simple mystère administratif ?
Au final, pourquoi la distillation de la figue est-elle interdite ? La réponse exacte reste un peu nébuleuse. Peut-être une combinaison de réglementations générales sur la distillation, de spécificités liées aux fruits à noyau (même si la figue n’en a pas vraiment), et de considérations administratives complexes.
Toujours est-il que la Boukha existe, preuve que la distillation de la figue n’est pas totalement impossible, du moins dans certains contextes et certaines régions. Et si vous croisez un jour une bouteille de Boukha, goûtez-y avec modération (car l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, et la consommation excessive d’eau-de-vie de figue peut endommager votre foie, on vous aura prévenu). Vous aurez peut-être l’impression de boire un peu de l’interdit, un parfum de mystère et de rébellion douce, le tout dans un verre à dégustation. À la vôtre (avec une eau-de-vie de fruit autorisé, si vous êtes respectueux des lois) !