Cosaques du Don : Russes ou Ukrainiens ? La question à un million de roubles (ou de hryvnias !)
Alors, les Cosaques du Don, Russes ou Ukrainiens ? C’est une question qui pique autant qu’une guêpe en plein été ! La réponse courte ? Accrochez-vous, c’est plus compliqué qu’un nœud de cravate un lundi matin. Disons que c’est un peu des deux, un peu d’aucun, et beaucoup de « ça dépend ».
Pour comprendre ce joyeux bazar, il faut plonger dans l’histoire mouvementée de ces guerriers semi-nomades. Imaginez un peuple à cheval, l’épée à la main, toujours prêt à en découdre. Ces étaient les Cosaques, qui ont galopé à travers l’Ukraine et le sud de la Russie. Ils offraient leurs services militaires à qui voulait bien les payer, en échange d’une certaine autonomie. Autant dire qu’ils n’étaient pas du genre à se laisser marcher sur les pieds !
Les Cosaques, fierté nationale ukrainienne
En Ukraine, le Cosaque, c’est une star. Un symbole national, carrément ! On les présente souvent comme les ancêtres directs de la nation ukrainienne. Avant même l’Ukraine moderne, ces terres au bord du Dniepr étaient le royaume des Cosaques. Au début du 17e siècle, ils avaient même créé un embryon d’État, l’Hetmanat. Pas mal, non ?
Du coup, pour les Ukrainiens, se revendiquer de l’héritage cosaque, c’est un peu comme honorer la patrie. L’armée ukrainienne ne s’y trompe pas et surfe allègrement sur cette vague patriotique. Tenez-vous bien :
- Le 14 octobre, jour déjà sacré de Pokrova (la protection de la Vierge Marie), est devenu en 1999 le « jour des Cosaques ukrainiens ». Et depuis 2006, on y commémore aussi la fondation de l’UPA, une armée de résistance ukrainienne controversée de la Seconde Guerre mondiale. Depuis 2014, c’est carrément la « Journée des défenseurs de l’Ukraine » ! Tout un programme.
- L’armée ukrainienne a donné des noms de figures cosaques à des unités et des académies militaires. Par exemple, l’académie militaire Ivan Bohun. Un certain Bohun qui était colonel chez les Cosaques zaporogues, opposé au traité de Periaslav de 1654 (qui a, en théorie, uni la Russie et l’Ukraine pour la première fois). Un rebelle dans l’âme, qui se battait contre le roi polonais et dont on commémore la mort chaque année à Lviv. Ambiance…
- Et le look cosaque, alors ? Certains soldats ukrainiens l’adoptent : l’oseledets, cette fameuse mèche de cheveux tressée qui part du sommet du crâne rasé. Et pendant l' »opération antiterroriste » de 2014-2022 contre les séparatistes, beaucoup de soldats avaient des tatouages inspirés de la mythologie cosaque. Se la jouer cosaque, c’est afficher fièrement son histoire nationale.
Les Cosaques, emblème du patriotisme russe
En Russie, l’image cosaque est encore plus institutionnalisée, notamment dans l’armée. On parle de « 15 635 frères cosaques » sur la ligne de front, et de 50 000 au total ayant participé aux combats. Des unités de l’armée russe portent des noms à consonance cosaque : Tavrida, Kouban, Scythe, Baltika… De quoi faire frémir l’ennemi (ou pas).
Avec les forces cosaques très impliquées dans la bataille pour la ville de Tchassiv Yar, on peut dire qu’ils sont devenus un rouage essentiel de la stratégie militaire russe. Mais il y a plus que ça. Les Cosaques incarnent aussi la volonté de Poutine d’utiliser le patriotisme militarisé pour renforcer son régime. Un peu comme une vitamine pour la nation, version guerrière.
L’image cosaque est célébrée partout en Russie et prend une dimension nationale. Des centres culturels cosaques ouvrent leurs portes au Kamtchatka, dans l’Altaï, et dans l’Amour. Des patrouilles cosaques surveillent les rues d’Arkhangelsk et on envisage d’étendre leur influence jusqu’en Yakoutie. Dans de nombreuses villes russes, des statues et des monuments à la gloire des chefs cosaques sont érigés. Et à Moscou, un nouveau musée des Cosaques russes devrait ouvrir ses portes en décembre. La fièvre cosaque, on vous dit !
La guerre de l’héritage cosaque dans les territoires occupés
Le meilleur endroit pour observer cette bataille pour l’héritage cosaque, ce sont peut-être les territoires occupés. Dans une interview au site russe Cossackdom.ru, le député de la Douma d’État Victor Vodolatsky a déclaré que la revendication ukrainienne de l’héritage cosaque était fausse (et même « l’ béquille idéologique » d’un régime prétendument néonazi, rien que ça !). Pour lui, il est « très important » de créer des sociétés cosaques pro-russes à Zaporijjia, Kherson et Louhansk. La guéguerre des Cosaques est déclarée !
Mais il y a une différence de taille entre l’approche russe et ukrainienne. En Ukraine, les organisations cosaques sont volontaires. Alors que, selon certaines informations, tous les hommes de Kherson sous contrôle russe seraient obligés de s’enrôler comme cosaques. L’esprit cosaque, version obligatoire ? On vous laisse juger.
Alors, au final, Russes ou Ukrainiens, ces Cosaques ? La réponse, vous l’aurez compris, est loin d’être simple. Ils sont un peu les deux, revendiqués par les deux camps, et leur héritage est aujourd’hui un enjeu politique majeur dans le conflit russo-ukrainien. Une histoire à dormir debout… ou plutôt à cheval !