Mais pourquoi donc cette couleur jaune d’or ? Le mystère des pâtisseries portugaises enfin dévoilé !
Vous vous êtes déjà émerveillé devant l’étalage d’une pâtisserie portugaise ? Ces douceurs solaires, d’un jaune éclatant, attirent l’œil et mettent l’eau à la bouche. Mais une question vous taraude peut-être : pourquoi cette couleur jaune si intense ? Accrochez-vous, car la réponse est aussi gourmande qu’inattendue !
Le jaune, couleur royale des douceurs portugaises : une affaire de jaunes d’œufs !
Le secret de cette teinte dorée, vibrante comme le soleil de Lisbonne, réside dans un ingrédient star : le jaune d’œuf. Oui, vous avez bien lu. Les pâtisseries portugaises sont de véritables odes au jaune d’œuf. Imaginez des montagnes de jaunes, des rivières de jaunes, des océans de jaunes… Bon, j’exagère peut-être un peu. Mais à peine !
La couleur jaune dominante de ces délices sucrés provient directement de la quantité astronomique de jaunes d’œufs utilisés. C’est la base, le pilier, l’alpha et l’oméga de nombreuses pâtisseries portugaises, des plus humbles aux plus sophistiquées. Et croyez-moi, ils ne lésinent pas sur la quantité !
L’histoire savoureuse des nonnes et des blancs d’œufs perdus… et retrouvés en pâtisserie !
Mais d’où vient cette passion, cette dévotion presque religieuse pour le jaune d’œuf ? Pour comprendre, il faut remonter le temps, jusqu’à l’époque des couvents portugais. Figurez-vous que nos chères nonnes avaient une drôle d’habitude : elles utilisaient les blancs d’œufs pour amidonner leurs vêtements. Oui, oui, pour le linge !
Et que faire des jaunes restants ? Impensable de les jeter, bien sûr ! Nos nonnes, aussi ingénieuses que gourmandes, ont donc eu l’idée de les transformer en douceurs divines. C’est ainsi que sont nées les « conventual sweets », les pâtisseries conventuelles, véritables trésors de la gastronomie portugaise.
Comme me l’a expliqué un guide passionné, « les douceurs conventuelles étaient un produit d’élite. On utilisait donc plus de jaunes d’œufs et moins de blancs, car la couleur jaune était très attrayante. » Le jaune, couleur du soleil, de l’or, de la richesse… Un symbole de prestige qui se retrouvait jusque dans les assiettes des plus privilégiés.
Voyage au pays des jaunes d’œufs : exemples concrets et chiffres affolants !
Envie de chiffres ? Accrochez-vous, car ça va décoiffer ! Penchons-nous sur quelques exemples de pâtisseries portugaises et leur impressionnante cargaison de jaunes d’œufs.
Commençons en douceur avec les emblématiques Pastéis de Nata, ces petites tartelettes à la crème brûlée originaires de la région d’Estremadura. Pour une fournée de Natas, comptez « seulement » 8 jaunes d’œufs. Rien que ça !
Direction Aveiro, la « Venise portugaise », pour déguster les Ovos-moles, ces délices à base d’œufs enveloppés dans du papier de riz. Surprise ! Une fournée d’Ovos-moles ne contient « que » 8 jaunes d’œufs. Décidément, 8 semble être un chiffre raisonnable… en apparence !
Mais attention, ça monte crescendo ! Dans la région de Ribatejo, on trouve les Fio de Ovos, ces « fils d’œufs » qui ressemblent à des vermicelles dorés. Pour ceux-là, il faut compter 12 jaunes d’œufs, plus 2 blancs. On commence à sentir la puissance du jaune !
Les Queijadas, ces petites « cheesecakes » de Trás-os-Montes, ne sont pas en reste. Une fournée ? 12 jaunes d’œufs, plus 3 œufs entiers. Le jaune règne en maître, mais l’œuf entier fait une timide apparition.
Encore plus gourmandes, les Castanhas de Ovos, ces « châtaignes d’œufs » de Viseu, affichent fièrement 15 jaunes d’œufs par fournée. On s’approche des sommets !
Accrochez-vous bien, car on atteint des sommets avec les Cavacas, ces biscuits secs de Beira Baixa. Tenez-vous prêt : 16 œufs entiers, plus 4 jaunes d’œufs ! Pour réaliser cette recette, il faut casser… 20 œufs ! Presque deux douzaines ! Imaginez la montagne de coquilles !
Si vous trouvez les Cavacas un peu excessives, optez pour les Trouxas de Ovos, ces « bonnets d’œufs » confits au sirop, spécialité de Caldas da Rainha. « Seulement » 18 jaunes d’œufs, plus 2 blancs. On casse toujours 20 œufs, mais on économise quelques jaunes, ouf !
Enfin, pour le bouquet final, le feu d’artifice du jaune d’œuf, j’ai nommé le Pão-de-Ló, ce gâteau éponge moelleux de Soure. Préparez-vous : 26 jaunes d’œufs, plus 6 œufs entiers ! Pour réaliser cette merveille, il faut acheter… trois douzaines d’œufs ! Trois douzaines ! Je crois que je vais aller m’allonger après avoir écrit ça.
Vous l’aurez compris, les pâtisseries portugaises ne font pas dans la demi-mesure quand il s’agit de jaunes d’œufs. C’est une véritable déclaration d’amour au jaune, une ode à la gourmandise, un hymne à la couleur soleil.
Maria de Lourdes Modesto et le Bacalhau : petites digressions portugaises
Pour les plus curieux, je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans l’ouvrage de référence de la cuisine portugaise : « Cozinha Tradicional Portuguesa » de Maria de Lourdes Modesto. Un livre indispensable pour explorer toutes les facettes de cette gastronomie riche et variée, au-delà des pâtisseries jaunes.
Et pour finir sur une note salée, n’oubliez pas que le plat national portugais est le Bacalhau, la morue séchée et salée. Rien à voir avec les jaunes d’œufs, mais c’est tout aussi incontournable lors d’un voyage au Portugal. Mais ceci est une autre histoire, et peut-être le sujet d’un prochain article… Restez connectés !