Comment se sortir de la déréalisation : Le guide de survie pour quand le monde devient bizarre
Vous avez déjà eu l’impression de vivre dans un film ? Ou que le monde autour de vous n’était pas tout à fait réel ? Si oui, vous avez peut-être flirté avec la déréalisation. Et non, ce n’est pas parce que vous avez abusé du camembert qui pue (quoique…). C’est une sensation étrange, déconcertante, et avouons-le, un peu flippante. Mais respirez un bon coup, car il existe des moyens de remettre les pieds sur terre (littéralement et figurativement) et de retrouver le mode « réalité ».
Avant de paniquer et de vous demander si vous êtes devenu le personnage principal d’un mauvais thriller psychologique, éclaircissons les choses. La déréalisation, c’est quoi exactement ? Imaginez… Vous êtes là, mais le monde autour semble flou, distant, comme à travers un voile. Les gens ont l’air d’acteurs sur une scène, les objets semblent fades et sans relief. C’est un peu comme si quelqu’un avait baissé le curseur de « réalité » dans les paramètres de votre cerveau.
Les experts, avec leur jargon précis et rassurant (ou pas), définissent la déréalisation comme des « expériences d’irréalité ou de détachement par rapport à l’environnement ». Charmant, n’est-ce pas ? En gros, votre cerveau vous joue des tours et vous fait croire que le décor est en carton-pâte. Et ce n’est pas très agréable, il faut l’avouer.
Les symptômes psychologiques de cette drôle d’expérience
Alors, comment savoir si vous êtes en train de déréaliser ? Voici un petit florilège des sensations que vous pourriez expérimenter :
- Un état de rêve éveillé : Vous avez l’impression de flotter dans un songe, même les yeux ouverts. C’est comme si vous regardiez le monde à travers un filtre onirique permanent.
- Un détachement de la réalité : Vous vous sentez étranger à ce qui vous entoure. C’est un peu comme être un observateur invisible, détaché de l’action.
- Une sensation de sortie de corps : Parfois, la déréalisation peut s’accompagner d’une dépersonnalisation (on y reviendra), et vous pourriez avoir l’impression de vous regarder de l’extérieur. Un peu comme dans un mauvais film de science-fiction.
- Un détachement émotionnel de la réalité : Les émotions semblent atténuées, lointaines. Le monde perd de sa saveur émotionnelle, comme si on avait mis le son en sourdine.
- Une réalité déformée ou incolore : Les couleurs peuvent sembler moins vives, les formes étranges. C’est un peu comme si votre perception du monde était passée à travers un filtre sépia un peu glauque.
- Une distorsion de la perception du temps : Le temps peut sembler s’étirer ou se contracter de manière bizarre. Les minutes peuvent paraître des heures, ou inversement. L’horloge interne déraille complètement.
- Le monde semble faux : C’est la sensation la plus marquante. Tout semble artificiel, fabriqué, comme un décor de cinéma. On a l’impression que les autres sont des figurants et que la réalité est une vaste supercherie.
- Une distorsion sonore : Les sons peuvent sembler étouffés, amplifiés ou déformés. Votre environnement sonore devient aussi bizarre que votre environnement visuel.
Déréalisation, dépersonnalisation : les cousins dissociatifs
La déréalisation fait partie de la grande famille des troubles dissociatifs. Oui, oui, ça sonne un peu effrayant, mais pas de panique ! Les troubles dissociatifs, c’est juste un terme un peu pompeux pour décrire des problèmes avec la conscience, la mémoire, l’identité, les émotions, la perception, le contrôle moteur et le comportement. En gros, quand votre cerveau décide de prendre des vacances inattendues et de vous laisser un peu sur le carreau.
Parmi les cousins de la déréalisation, on trouve :
- Le trouble dissociatif de l’identité (anciennement trouble de la personnalité multiple) : Là, c’est plus corsé. Il s’agit de l’existence de deux ou plusieurs identités distinctes chez une même personne. C’est un peu comme avoir une colocataire dans sa tête, sauf que la colocataire, c’est vous-même sous une autre forme.
- L’amnésie dissociative : Perte de mémoire liée à un événement traumatisant. C’est comme si votre cerveau avait appuyé sur le bouton « supprimer » pour vous protéger d’un souvenir trop douloureux.
Déréalisation VS Dépersonnalisation : le match des détachements
Souvent, on confond déréalisation et dépersonnalisation. C’est vrai que les deux se ressemblent un peu, comme des cousins éloignés qui ont le même air de famille bizarre. Mais il y a une différence subtile, mais importante :
- Dépersonnalisation : Le détachement, c’est par rapport à vous-même. Vous vous sentez détaché de votre corps, de votre esprit, de votre âme (si vous en avez une). Vous avez l’impression d’être un robot, un observateur extérieur de votre propre vie. Les sensations de sortie de corps sont typiques de la dépersonnalisation. Vous vous voyez agir, penser, ressentir, mais sans vraiment vous sentir impliqué. C’est un peu comme regarder un film dont vous êtes le héros, mais sans éprouver d’émotion pour ce qui lui arrive.
- Déréalisation : Le détachement, c’est par rapport au monde extérieur. C’est le monde qui semble irréel, étrange, faux. Les gens et les objets semblent factices, distordus. Vous êtes là, dans le monde, mais le monde n’est pas vraiment là pour vous. C’est un peu comme vivre dans une simulation, un jeu vidéo dont les graphismes sont un peu buggés.
En résumé, la dépersonnalisation, c’est « je ne suis pas réel », et la déréalisation, c’est « le monde n’est pas réel ». Les deux peuvent coexister, et c’est souvent le cas. Imaginez : vous vous sentez détaché de vous-même (dépersonnalisation) dans un monde qui vous paraît irréel (déréalisation). Double dose de bizarre !
L’anxiété et la déréalisation : un duo infernal
La déréalisation est un symptôme fréquent de l’anxiété. Eh oui, encore elle ! L’anxiété, cette vieille copine qui adore nous jouer des tours et nous faire vivre des expériences plus ou moins sympathiques. Si vous souffrez de troubles anxieux, comme l’anxiété sociale, l’anxiété généralisée ou les TOC (troubles obsessionnels compulsifs), vous êtes plus susceptible de connaître les joies de la déréalisation. Enfin, « joies », façon de parler, bien sûr.
L’anxiété, c’est un peu comme une alarme qui se déclenche un peu trop facilement. Et parfois, cette alarme peut provoquer des réactions étranges, comme la déréalisation. Votre cerveau, submergé par l’anxiété, essaie peut-être de se protéger en se coupant temporairement du monde extérieur. C’est une sorte de mécanisme de défense un peu maladroit, mais l’intention est là.
La déréalisation liée à l’anxiété peut durer quelques minutes, quelques heures, voire quelques jours ou quelques mois. Oui, oui, vous avez bien lu, des mois ! Imaginez vivre des mois avec cette sensation que le monde est faux… Pas très fun, on est d’accord.
Mais contrairement à certains troubles de la personnalité (où la personne peut être complètement déconnectée de la réalité sans s’en rendre compte), avec la déréalisation, la personne conserve une certaine conscience que quelque chose ne tourne pas rond. Elle sent que sa perception du monde est faussée, même si elle ne sait pas toujours comment l’expliquer. C’est un peu comme regarder un tableau de maître à travers une vitre sale : on sait que le tableau est magnifique, mais on ne le voit pas dans toute sa splendeur.
Les autres coupables possibles : quand la déréalisation n’est pas que dans la tête (enfin, si, mais…)
L’anxiété est une cause fréquente de déréalisation, mais ce n’est pas la seule. D’autres facteurs peuvent aussi mettre leur grain de sel et perturber votre perception de la réalité. Parmi les suspects habituels, on trouve :
- Des problèmes médicaux non traités : Certaines conditions médicales peuvent provoquer des symptômes de déréalisation. C’est le cas de la toxicomanie, de la dépression (encore elle !), de la démence, des crises d’épilepsie, de l’amnésie et d’autres troubles dissociatifs, ou encore de la schizophrénie. Si la déréalisation persiste et que vous avez d’autres symptômes inquiétants, il est important de consulter un médecin pour écarter ces causes médicales.
- Les traumatismes : La déréalisation peut être une réaction à un traumatisme grave, comme la guerre, les abus infantiles, ou un accident violent. Dans ces cas-là, la déréalisation peut agir comme un mécanisme de défense, une sorte d' »airbag » psychologique pour amortir le choc émotionnel. C’est comme si votre cerveau se mettait en mode « pause » pour vous protéger de la douleur.
- La dépression : Les personnes souffrant de dépression ont un risque plus élevé de développer un trouble de déréalisation. La dépression et la déréalisation sont souvent liées, et il est parfois difficile de savoir qui de l’œuf ou de la poule est arrivé en premier. En tout cas, si vous êtes déprimé et que vous expérimentez la déréalisation, parlez-en à votre médecin.
Le cerveau en mode « déréalisation » : ce qui se passe dans votre boîte crânienne
La déréalisation, ce n’est pas juste une affaire de psychologie. Ça se passe aussi dans votre cerveau, au niveau des neurones et des neurotransmetteurs. Les scientifiques ont commencé à explorer les zones cérébrales impliquées dans ce phénomène étrange.
Il semblerait que plusieurs régions du cerveau soient concernées :
- Le système cortico-limbique (et notamment l’amygdale) : L’amygdale, c’est un peu le centre de l’alarme dans votre cerveau. Elle est responsable de la gestion de la peur et de l’anxiété. Quand l’amygdale s’emballe, ça peut perturber d’autres zones du cerveau et provoquer la déréalisation.
- Le cortex cingulaire antérieur : Cette zone est impliquée dans l’attention, la régulation émotionnelle et la conscience de soi. Un dysfonctionnement du cortex cingulaire antérieur pourrait contribuer aux sensations de détachement et d’irréalité.
- Les structures préfrontales : Le cortex préfrontal, c’est le chef d’orchestre du cerveau. Il est responsable des fonctions exécutives, comme la planification, la prise de décision et le contrôle cognitif. Une activité anormale dans le cortex préfrontal pourrait perturber la perception de la réalité.
En gros, quand vous déréalisez, votre cerveau est un peu en mode « panique ». Il y a une activité accrue dans les zones liées à l’attention, à la vigilance et au contrôle cognitif. C’est comme si votre cerveau était en état d’alerte maximale, prêt à réagir à un danger imaginaire. Et pour se protéger de cette menace (qui n’existe pas toujours), il se déconnecte temporairement du monde extérieur.
Pendant les périodes d’anxiété intense, comme lors d’une crise de panique, votre esprit semble « éteindre » le monde extérieur pour éviter de penser aux stimuli anxiogènes. C’est une sorte de mécanisme de survie un peu radical, mais qui peut se retourner contre vous en provoquant la déréalisation.
Déréalisation : sensations garanties (ou pas)
Alors, concrètement, ça fait quoi de déréaliser ? Imaginez… Vous êtes dans un endroit familier, votre maison, votre bureau, un café que vous fréquentez souvent. Et soudain, cet endroit vous paraît étrange, inconnu. C’est comme si vous y étiez pour la première fois, ou comme si le décor avait changé pendant votre absence.
C’est un peu comme si votre cerveau avait du mal à traiter les informations sensorielles. Vos sens (la vue, l’ouïe, le toucher, etc.) captent des informations, mais votre cerveau ne les interprète pas correctement. Résultat : même les lieux les plus familiers vous semblent bizarres et étrangers.
Sur le plan émotionnel, la déréalisation peut être très déstabilisante. On se sent irréel, comme spectateur d’un rêve. On a l’impression de ne pas être vraiment dans l’environnement qui nous entoure, ou que le monde autour de nous n’est pas réel. C’est une sensation très angoissante, qui peut renforcer l’anxiété et créer un cercle vicieux.
Et les autres symptômes de l’anxiété peuvent aggraver la sensation de déréalisation. Pendant une crise d’angoisse, par exemple, vos pupilles se dilatent, ce qui peut provoquer une vision floue ou déformée. Vos muscles peuvent aussi faiblir, ce qui vous donne l’impression d’être plus léger, moins ancré dans la réalité. Bref, la totale !
Comment stopper la déréalisation : le mode d’emploi
La bonne nouvelle, c’est que la déréalisation, ce n’est pas une fatalité. Il existe des moyens de s’en sortir et de retrouver un sentiment de réalité plus stable. Alors, comment faire pour « redémarrer » le système et retrouver le monde tel qu’il est censé être ?
Quand faut-il consulter un médecin ?
Si votre déréalisation est persistante, si elle altère votre sens de la réalité de manière significative, ou si elle dure depuis longtemps, il est important de consulter un médecin. Il pourra évaluer la situation, écarter d’éventuelles causes médicales et vous orienter vers une prise en charge adaptée (thérapie, médicaments, etc.). Ne restez pas seul avec cette sensation étrange et angoissante. Parler à un professionnel, c’est déjà un premier pas vers la guérison.
La pleine conscience : le retour à la réalité en douceur
La pleine conscience (ou mindfulness, pour les bilingues) est une technique qui consiste à seRecentrer sur le moment présent et à porter son attention sur ses sensations corporelles. C’est un peu comme un antidote à la déréalisation, qui nous projette hors du présent et dans un monde irréel. En vous reconnectant à votre corps et à vos sens, vous pouvez progressivement retrouver un sentiment de réalité plus concret.
Voici quelques exercices de pleine conscience simples à pratiquer quand vous sentez la déréalisation monter :
- Touchez quelque chose de chaud ou de froid : Prenez une tasse de thé chaud, un glaçon, une couverture douce. Concentrez-vous sur la sensation de chaleur ou de froid sur votre peau. Essayez de décrire mentalement cette sensation : est-ce agréable, désagréable, intense, léger ?
- Pincez-vous : Oui, oui, comme dans les films ! Pincez-vous légèrement le bras ou la main, juste assez pour sentir une douleur légère. Cette sensation physique vous rappellera que vous êtes bien réel, bien présent dans votre corps. Bon, ne vous pincez pas trop fort non plus, hein ! Le but n’est pas de remplacer la déréalisation par une autre sensation désagréable.
- Choisissez un objet et identifiez-le : Regardez autour de vous et choisissez un objet : une lampe, un livre, une plante, une tasse. Décrivez-le mentalement en détail : sa couleur, sa forme, sa texture, sa fonction. Essayez de vous souvenir de son histoire, de sa provenance. Plus vous vous concentrez sur les détails concrets de l’objet, plus vous revenez au présent.
- Comptez des objets dans la pièce : Comptez les chaises, les fenêtres, les livres sur une étagère, les motifs sur le papier peint. Le simple fait de compter et d’identifier des objets vous ancre dans la réalité concrète de votre environnement.
- Utilisez vos sens : Faites appel à tous vos sens pour explorer le monde qui vous entoure. Goûtez une boisson, sentez une odeur (un parfum, une fleur, l’air frais), touchez différentes textures (du bois, du métal, du tissu), écoutez les sons ambiants (le bruit de la rue, le chant des oiseaux, le tic-tac d’une horloge), regardez attentivement les couleurs et les formes autour de vous. Plus vous sollicitez vos sens, plus vous vous reconnectez au monde réel.
Un exercice de pleine conscience plus complet, à pratiquer dès que vous sentez la déréalisation arriver, consiste à explorer vos cinq sens :
- Le goût : Ayez toujours sur vous un bonbon à la menthe ou un chewing-gum. Mettez-le dans votre bouche et concentrez-vous sur la saveur. Essayez de la faire voyager sur toute votre langue. Décrivez mentalement le goût : est-ce sucré, mentholé, frais, intense ?
- L’odorat : Sentez la boîte de bonbons à la menthe, ou explorez les odeurs de votre environnement. Essayez d’identifier la source de chaque odeur : est-ce une fleur, un parfum, une odeur de cuisine, l’air extérieur ?
- Le toucher : Touchez les objets qui vous entourent. Explorez différentes textures : le lisse du métal, le rugueux du bois, le doux du tissu. Concentrez-vous sur les sensations tactiles : est-ce froid, chaud, doux, rêche, dur, mou ?
- L’ouïe : Écoutez attentivement les sons qui vous entourent. Identifiez-les : le bruit de la circulation, les voix des gens, le chant des oiseaux, le bruit du vent. Concentrez-vous sur chaque son, un par un.
- La vue : Maintenant que vous avez exploré les quatre autres sens, regardez attentivement le monde qui vous entoure. Observez les objets au loin, identifiez-les, comptez-les, décrivez-les mentalement. Immergez-vous dans le champ visuel.
La respiration profonde : le calme intérieur pour chasser la déréalisation
La respiration profonde est un outil puissant pour calmer le système nerveux et réduire l’anxiété. Or, comme on l’a vu, l’anxiété est souvent à l’origine de la déréalisation. En apprenant à respirer profondément, vous pouvez réduire le risque de tomber dans cet état de rêve éveillé.
La technique est simple : asseyez-vous confortablement, fermez les yeux si vous le souhaitez, et inspirez lentement par le nez en gonflant votre ventre. Expirez lentement par la bouche en laissant votre ventre se dégonfler. Répétez cet exercice pendant quelques minutes, en vous concentrant sur le mouvement de votre respiration.
La patience et la gestion de l’anxiété : la clé du long terme
Parfois, la meilleure façon de surmonter la déréalisation, c’est simplement d’attendre que ça passe. Oui, ce n’est pas très satisfaisant comme solution, mais c’est parfois la réalité. La déréalisation liée à l’anxiété est souvent transitoire. Elle peut disparaître d’elle-même au bout de quelques temps.
Mais attendre ne veut pas dire rester les bras croisés. Il est important de s’attaquer au problème de fond : l’anxiété. Si vous souffrez d’anxiété, il est essentiel de mettre en place des stratégies pour la gérer : thérapie, relaxation, activité physique, hygiène de vie, etc. Plus vous réduirez votre niveau d’anxiété, moins vous serez susceptible de déréaliser.
En résumé, pour vous sortir de la déréalisation, il faut être patient, persévérant et utiliser les outils à votre disposition : la pleine conscience, la respiration profonde, et la gestion de l’anxiété. Et surtout, n’oubliez pas : vous n’êtes pas seul dans cette drôle d’aventure. La déréalisation est un symptôme relativement fréquent, et il existe des solutions pour la surmonter. Alors, respirez, reconnectez-vous à vos sens, et rappelez-vous que le monde, même s’il paraît parfois bizarre, est bien réel. Et vous aussi !