Mais, au fait, pourquoi nos croissants ont perdu leur jolie forme de lune ? Lune après l’autre, le mystère dévoilé !
Vous êtes-vous déjà demandé, en croquant dans votre croissant matinal, pourquoi il avait parfois une forme plus… disons… rectiligne qu’arrondie ? Eh bien, vous n’êtes pas seul ! Cette interrogation existentielle taraude l’esprit de nombreux gourmands. La réponse, mes amis, est un mélange savoureux d’ingrédients, de productivité et d’une pincée de modernité boulangère. Accrochez-vous, on part en exploration de la viennoiserie !
Autrefois, dans un temps que les moins de vingt ans… enfin, bref, avant, le croissant arborait fièrement sa forme de demi-lune. C’était l’époque de la margarine triomphante. Oui, oui, la margarine ! Ne faites pas cetteMine dégoûtée, c’était un ingrédient star pour nos boulangers. Alain Guéguen, maître artisan boulanger, nous le confirme : la margarine, c’était facile à manier. On lui donnait la courbe qu’on voulait, sans broncher. Imaginez un peu, la pâte à croissant qui obéit au doigt et à l’œil ! Un rêve pour tout boulanger.
Puis, le vent a tourné. Les consommateurs, ces êtres aux désirs parfois capricieux, ont commencé à réclamer du beurre. « Du beurre, du beurre, encore du beurre ! » ont-ils clamé. Et le beurre, mes chers amis, c’est une autre paire de manches. Plus délicat, plus capricieux, moins docile que la margarine. Le beurre, c’est la starlette difficile de la boulangerie. Du coup, pour gagner du temps, parce que le temps, c’est de l’argent, nos boulangers ont opté pour une forme plus… directe. Adieu la courbe élégante, bonjour la ligne droite efficace !
Courber un croissant, ça paraît simple comme bonjour, n’est-ce pas ? Un petit coup de main, hop, c’est plié ! Eh bien, détrompez-vous ! Mine de rien, à la fin de la journée, tous ces petits coups de main, ça prend du temps. Et le temps du boulanger, c’est une denrée rare et précieuse. Entre la préparation des pains, des gâteaux, des tartes et des éclairs au chocolat, il faut optimiser chaque minute. Alors, forcément, le croissant droit, c’est un gain de temps non négligeable. Moins de manipulations, plus de productivité. CQFD.
Et c’est là qu’entre en scène le « droissant ». Oui, oui, vous avez bien entendu, le « droissant » ! Un nom qui sonne comme une nouvelle espèce de viennoiserie mutante. Mais rassurez-vous, c’est juste un croissant droit. Plus pratique à fabriquer, plus facile à conditionner. Une aubaine pour les industriels, qui peuvent ainsi produire des croissants à la chaîne, par palettes entières. Imaginez les rayons des supermarchés inondés de droissants parfaitement alignés. La perfection géométrique au service du petit-déjeuner.
Mais attention, ne croyez pas que le croissant en forme de demi-lune a disparu de la circulation. Loin de là ! Il reste bien ancré dans le cœur des Français et de leurs boulangers-pâtissiers. C’est un peu comme la madeleine de Proust, un symbole de notre patrimoine gourmand. Même si le droissant gagne du terrain, le croissant courbé garde une place de choix. Il est le chouchou des concours professionnels, le must-have des étals artisanaux. Un gage de qualité, un signe de savoir-faire. En somme, un vrai croissant, avec une vraie forme de croissant.
Le croissant en demi-lune, c’est bien plus qu’une simple viennoiserie. C’est un symbole. Le symbole d’un savoir-faire séculaire, d’une fabrication artisanale, d’une tradition française que l’on ne veut pas laisser se perdre. C’est aussi un moyen infaillible de distinguer un croissant artisanal d’un croissant industriel. Alors, la prochaine fois que vous hésiterez entre deux croissants, observez attentivement leur forme. Le croissant courbé, c’est l’appel de l’authenticité, le clin d’œil au fait-main, la promesse d’un délice boulanger préparé avec amour et passion. Le droissant, c’est peut-être plus pratique, plus rapide, mais il lui manque ce petit supplément d’âme, ce charme désuet du croissant à l’ancienne.
Alors, que choisir ? Croissant lune ou droissant fusée ? La réponse, mes amis, est dans votre cœur (et dans votre estomac). Si vous êtes pressé, le droissant fera l’affaire. Si vous avez envie de vous faire plaisir, de savourer un moment de gourmandise authentique, optez pour le croissant en demi-lune. Fermez les yeux, imaginez le craquant de la pâte, le goût du beurre, la forme élégante… Vous y êtes ? Alors, foncez chez votre boulanger préféré et demandez un « vrai » croissant. Celui qui a la forme d’un croissant, celui qui a une histoire à raconter, celui qui vous rappellera les petits-déjeuners de votre enfance. Parce que, soyons honnêtes, un croissant, ça doit ressembler à un croissant, non ? Et si en plus il est délicieux, c’est le jackpot !
En conclusion, la disparition progressive de la forme en demi-lune du croissant n’est pas une tragédie nationale. C’est juste une évolution, une adaptation aux contraintes de temps et de production. Mais le croissant traditionnel, le vrai, celui qui a la forme d’une lune gourmande, n’a pas dit son dernier mot. Il résiste, il persiste, et il continue de nous faire rêver. Alors, la prochaine fois que vous croiserez un croissant droit, ayez une pensée émue pour son cousin courbé, le symbole d’une époque où le temps avait encore le temps de prendre son temps. Et surtout, continuez à déguster des croissants, sous toutes leurs formes, car après tout, le plus important, c’est qu’ils soient bons !